Le conseil de Bayrou à Macron : « Ne pas capitaliser mais avancer »
En tête dans les intentions de vote, ciblé par ses principaux rivaux, Emmanuel Macron est devenu l’homme à abattre. Pour François Bayrou, président du MoDem, il ne doit pas freiner la cadence.
Pour le président du MoDem, la percée d’Emmanuel Macron dans les sondages ne fait pas de lui le favori de cette élection qui reste très difficile.
Emmanuel Macron est aujourd’hui le favori. Il devance Marine Le Pen au 1er tour dans plusieurs sondages. Est-ce une bonne nouvelle à 19 jours du scrutin ?
FRANÇOIS BAYROU. Il n’est pas le favori. Lui-même déclare qu’il est outsider. Il a raison d’être dans cette disposition d’esprit. Il a réalisé une percée impressionnante dans les sondages depuis l’été et a encore progressé depuis six semaines. Pour autant, cela ne fait pas de lui le favori d’une élection qui reste très difficile et pour laquelle ses concurrents de droite et d’extrême droite ont des réseaux puissants.
Qui est alors le favori de l’élection ?
Depuis des mois, c’est Marine Le Pen et c’est pourquoi le surgissement d’Emmanuel Macron est fondamental. Le renouveau qu’il propose est un véritable espoir pour la France.
Macron, est-ce « le vote utile » pour empêcher le FN d’accéder au pouvoir ?
A chaque élection, dans la dernière ligne droite, il y a un vote utile. Aujourd’hui, le vote utile pour renouveler la vie politique, oui, c’est Emmanuel Macron. Je refuse de faire de l’extrême droite la vedette de cette élection.
Ne craignez-vous pas qu’Emmanuel Macron connaisse le même sort qu’Alain Juppé à la primaire de la droite, ou qu’il soit frappé du « syndrome Balladur » comme en 1995 ?
Je ne crains rien de tout cela. Balladur et Juppé étaient favoris. Ils avaient depuis des années un matelas d’intentions de vote qui, d’une certaine manière, les paralysaient. Ce n’est pas le cas d’Emmanuel Macron. Il n’est pas en défensive, il est à l’offensive.
A l’offensive sur quoi ?
Il propose de reconstruire sur un projet politique complètement nouveau. A la fois optimiste, volontaire et rassembleur. C’est un changement incroyable et inédit de voir les deux grands partis qui se partagent le pouvoir depuis plus de trente ans être sur le point d’être renvoyés.
Croyez-vous que François Fillon puisse être sous-évalué ? Son équipe évoque « un vote caché » en faveur du candidat de la droite…
Le vote caché, on l’a vu récemment avec Nicolas Sarkozy, c’est l’argument de ceux qui sont distancés dans les sondages et qui veulent cependant donner espoir à leurs troupes. Nicolas Sarkozy promettait un vote caché, il a fini emporté par la primaire.
Emmanuel Macron doit-il prendre des risques ce soir lors du débat télévisé ou capitaliser sur son avance ?
Il ne doit surtout pas capitaliser mais continuer à avancer. Il n’y a rien de pire que les campagnes électorales ou les entourages vous expliquent qu’il faut surtout ne rien dire pour ne fâcher personne. Il faut prendre des risques. Je suis sûr qu’il va le faire avec une certaine joie de vivre.
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