Interview de Marc FESNEAU – Secrétaire Général du Mouvement Démocrate
Le secrétaire général du Mouvement démocrate évoque l’ambition de son parti de participer à des listes ouvertes et de consolider son assise locale. Les candidats du Modem devraient mener campagne sous le signe de la moralisation de la vie publique, d’une gestion rigoureuse des dépenses des collectivités et d’une collaboration renforcée des communes avec leur intercommunalité.
Le Courrier : Quel est le calendrier du Modem quant à la préparation de la campagne pour les élections municipales 2014 ? Comment le parti va-t-il choisir ses têtes de liste ?
Un conseil national s’est déroulé samedi [22 juin 2013] sur ce sujet. Nous sommes dans une phase de pré-campagne, et d’abord de désignation des chefs de files, phase qui va durer jusque fin septembre-début octobre. Tout n’est pas décidé au niveau national, l’essentiel des propositions de candidatures ressort du niveau local. Nous travaillons dans la logique de nous affranchir des contraintes partisanes. Ces élections ne doivent d’ailleurs pas être considérées comme un référendum pour ou contre le gouvernement : si on nationalise les enjeux, on démobilise les électeurs qui veulent des réponses au niveau local. On verra ceux qui ont envie de travailler avec nous. Il nous faut d’abord faire émerger des profils.
Ce qui est certain, c’est que nous considérons que la population n’est qu’à moitié représentée dans les conseils municipaux. Nous voulons produire des rassemblements plus larges, au-delà des frontières des partis. L’idéal étant de le faire avant le premier tour, même s’il y a une besoin d’expression légitime lors de ce premier tour.
Des alliances seront-elles conclues avec d’autres partis ? Et notamment avec l’UDI de Jean-Louis Borloo ?
M. F. Qu’il puisse y avoir un rapprochement avec l’UDI, c’est plutôt une volonté de notre part. Mais cela doit se faire dans l’autonomie et l’indépendance. Et si cela doit entraîner partout d’engager des alliances avec l’UMP, cela ne peut alors se faire : le Modem plaide pour un rassemblement du centre, mais l’UDI fait des choix d’alliances automatiques avec l’UMP.
Quels gains électoraux vise le Modem ? Le parti aura-t-il des candidats dans l’ensemble des communes ?
M. F. Notre objectif est de renforcer notre base d’élus. Ce serait prétentieux de vouloir être présent dans les 36 700 communes. Nous visons tout particulièrement les collectivités de plus de 10 000 habitants, tout en ayant conscience que le scrutin de liste à partir de 1 000 habitants va aussi donner la possibilité à de nouveaux candidats de rentrer dans les équipes municipales. Et nous pensons aller au-delà des quelque 2 000 élus locaux appartenant aujourd’hui au Modem.
Quels thèmes de campagne souhaitent imposer le Modem pour ces municipales 2014 ?
M. F. Les candidats devront signer une charte municipale d’exigences, sur un certain nombre de thèmes, et notamment :
– la moralisation de la vie publique. Principalement dans les communes moyennes et les grandes villes, il y a besoin de transparence dans la gestion des collectivités, avec des élus exemplaires. Il faut aussi remédier à ce qui apparaît parfois comme une démocratie locale un peu caricaturale, avec une opposition qui a peu de moyens de s’exprimer et une majorité qui suit de manière automatique le maire, surtout dans les grandes villes. Il faut de la respiration : sécuriser les droits de l’opposition et respecter les opinions.
– une bonne gestion des collectivités, de leur fonctionnement comme de leurs investissements, dans un contexte financier extrêmement lourd, avec la réduction des dotations. Quand j’entends certains candidats annoncer qu’ils baisseront leurs impôts, je dis que l’objectif est surtout de ne pas avoir à les augmenter. Pour cela, il faut réfléchir au dimensionnement et au calendrier des investissements, et aux frais de fonctionnement que cela occasionne. Dans ce cadre, il faut pousser à la mutualisation entre communes et intercommunalité.
Les candidats Modem plaideront-ils, comme les instances nationales, pour le non-cumul des mandats ? Dans quelle mesure ?
M. F. Nous soutenons effectivement l’idée qu’un parlementaire ne doit pas être à la tête d’une grande collectivité. Cela empêche la nécessaire respiration démocratique. Il faudrait aussi évoquer le problème des cumuls de fonctions, avec la direction de syndicat des eaux, de l’électricité, des pays, etc.
Quelle sera la position des candidats Modem sur la place de l’intercommunalité, par ailleurs souvent ignorée des campagnes municipales ?
M. F. C’est l’intérêt du fléchage, qui va interroger les électeurs sur ce qu’est l’interco. Après, il faudra que des élus en parlent, en l’abordant sous l’angle de ce que l’intercommunalité peut apporter en plus, des compétences et des moyens qu’elle peut mettre à disposition. Il faut faire progresser l’aspect communautaire sur la notion de mutualisation, de services aux communes et de réalisation des grandes infrastructures. Pour la première fois, on devrait en parler plus.
La réforme de la décentralisation sera-t-elle un sujet de campagne ?
M. F. Il faut espérer qu’on ne va pas en parler sinon on risque de décourager les électeurs… Ne serait-ce qu’avec ces lois extrêmement techniques et la scission en trois morceaux de la réforme ! Il y avait un enjeu de simplification des strates et on est en train de récréer des terminologies…
La volonté du président du parti, François Bayrou, de fusionner à terme des départements avec leur région en une seule collectivité locale, est-elle toujours d’actualité ?
M. F. Oui, l’idée étant de conserver le département comme périmètre géographique, mais de faire converger les administrations et les élus.
Interview publiée dans le Courrier des Maires. Lire l’interview …ici…
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